« Je ne peux pas croire qu’on est capable, comme gouvernement, de se remplir les poches, en laissant les gens pour qui on est directement responsable, travailler et continuer d’exercer leurs fonctions dans des conditions aussi misérables. Donc vraiment, il y a une écœurantite, il y a une déception majeure », rapporte Magali Picard, présidente de la FTQ.
Le front commun intersyndical du secteur public demande la médiation dans sa négociation avec Québec – une étape significative vers l’intensification de la mobilisation de ses 420 000 membres.
La demande de médiation du front commun survient au lendemain d’une déclaration de la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, qui veut accélérer le rythme de ces négociations en vue du renouvellement des conventions collectives qui concernent plus de 600 000 employés de l’État, même cet été s’il le faut.
Mais le front commun, qui est composé de la CSN, de la CSQ, de la FTQ et de l’APTS, soutient que ces déclarations ne se traduisent pas aux tables.
« C’est tout le monde qui demande la médiation sur toutes les tables, parce qu’on ne parle que des priorités gouvernementales actuellement. On n’est pas capable de placer nos priorités, celles des 420 000 membres qu’on représente », soutient en entrevue Robert Comeau, président de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).
Ces travailleurs dans la santé, les centres jeunesse et les écoles, déjà irrités par la pénurie de personnel et la surcharge de travail qui s’ensuit, ont « hyper mal reçu » l’annonce du gouvernement Legault d’une augmentation de 30 000 $ pour les élus, souligne M. Comeau.
Québec offre à l’ensemble des employés de l’État 9 % d’augmentation sur cinq ans, plus un montant forfaitaire de 1000 $ la première année, plus une somme équivalant à 2,5 % réservée à des « priorités gouvernementales ». Québec évalue donc son offre à 13 % sur cinq ans et affirme qu’elle tient compte de l’inflation.
« Il y a une écœurantite »
Les syndicats ne peuvent s’empêcher de constater le fossé avec les députés.
« Je ne peux pas croire qu’on est capable, comme gouvernement, de se remplir les poches, en laissant les gens pour qui on est directement responsable, travailler et continuer d’exercer leurs fonctions dans des conditions aussi misérables. Donc vraiment, il y a une écœurantite, il y a une déception majeure », rapporte Magali Picard, présidente de la FTQ.
« On n’est pas à l’étape de dire que les députés ne méritent pas une augmentation. Ce qu’on dit, c’est que ce qui est bon pour minou est bon pour pitou. L’ensemble des arguments qu’on nous place pour les députés, ce sont les mêmes arguments qu’on place à la table des négociations pour les augmentations des salariés dans le secteur public », s’indigne François Énault, vice-président de la CSN responsable de la négociation du secteur public.
Le médiateur servira de tiers indépendant pour tenter de rapprocher les parties. Il fera ensuite rapport sur l’état de ses travaux.
Le recours à la médiation est-il un signe que la négociation traîne en longueur sans trop de progrès ? « Si la négociation allait bien, on se concentrerait sur négocier », répond Éric Gingras, président de la CSQ.
« C’est le fameux passage obligé. Pour se donner les outils, les membres nous ont dit d’arriver avec une stratégie de grève. C’est pour ça qu’il faut se faire une stratégie. Par contre, après ça, pour aller en grève, on ira en assemblées générales et les membres en décideront », conclut-il.